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Dim 14 Fév - 13:22
Et je garnis les lignes de ce premier carnet dans un exercice de lettres qui m'est encore étranger. Je n'ai jamais pris ce temps précieux de méditer, d'écrire, pour moi-même. Les mots se tordent à l'oral et ne sont qu'un supplice d'imperfection dans ces dialogues que j'échoue, j'en crains fort. Ils se pressent, se bousculent, dérapent. Et lorsqu'enfin ils atteignent les cordes vocales, il est déjà trop tard. Puis il existe ces monologues aussi, ces éclats de l'inconscience plus moches encore à trouver leur écho dans ces nombreuses questions que je me pose. Brouillon de pensées, tourbillon trouble, bâillon tourbe. J'ai la réflexion comme un buvard qui déborde, et c'est pour essorer cette encre noire en abondance dans mon esprit que j'écris ici.

Le vide de cette « couleur » – absence de teinte diront les plus pointilleux – m'a toujours inspiré le vertige.

J'en conviens que la démarche est très égocentrique. « Écrire pour soi ». Le destinataire frôle déjà le narcissisme.

Alors, oui, les œillades indiscrètes sont plausibles, inévitables. Mais je ne tiendrai aucune rancune de leur curiosité qui n'aura rien d'intrusive. Les mots restent, ils sont indélébiles. Et c'est de mon consentement que j'entasse ici tous les non-dits, leur pudeur qui ne peut se matérialiser que parce que les lignes sont aphones.

J'ai envie de prouver, surtout à la moi boiteuse, qu'il existe une possibilité de se panser en témoignant de ce qui blesse, ravit, indiffère. Donner un sens à ces écorchures et bonheurs, qui souvent banalisés en parviennent à être oubliés ou négligés.

Je veux que les mots hurlent, bercent, tuent, ravivent.

Je veux libérer mes poumons de l'air qui les asphyxie.

Je veux pousser un cri silencieux et que l'on m'entende du fond de mon exil.

Je veux illustrer l'optimisme aussi. Faire de l'euphorie la plus éclatante plume à embellir le quotidien. Il est si aisé de vomir de son malheur et je pense que toutes les émotions, les vécus de vie, devraient partager une ferveur identique.

De tous ces coloris que les journées ont à nous offrir, les nuances sont si étalées pour les figer à quelque dégradé obscur. Peut-être est-ce se persuader à soi, s’essouffler dans la recherche de ce qui mérite d'être sauvé, ce genre de détails à valoriser un décor trop lisse. S'entêter à viser la lumière dans un acharnement est suspect, assez pour feindre de voir les ombres qu'elle tente d'éclaircir. Je n'en démentirai pas. Mais cette foi renforce et nous pousse. Et cet élan de vouloir enlacer la vie, à tous les sacrifices, n'en est que plus sublime.

Soif de sang coagulant, rage d'oxygène inspiré. Une en-vie se déployant comme une racine de lierre à laquelle s'agripper.

Une fois encore, le fil de mes réflexions se tend vers l'improbable, vers cette parole grimée, devenue mécanique. Ça en est lourd.  

Je veux me vider la tête de ces phrases que je complexifie, car les paragraphes pourraient être plus doux amputés.
C'est un bloc opératoire mon journal, ça y saigne, ça y soigne, ça attend le verdict, ça espère et ça renonce.

Puis j'y vis, j'y suis. Sans trop d'explications, sans trop de raison.

Cependant, je le remarque, je me purge dans ces saignées d'encre, bien plus vertueuses que les coulées originelles.

Alors, laissons baver ce « sang d'encre » qui s'étendra de sa définition plus brute un jour... Probablement.

Je  coucherai tout, accoucherai des ressentis les plus bariolés. Les pages sont encore nombreuses dans ce cahier.
Journal I
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Lisette Delcambre
Douceur, candeur d'enfance et brin d'insouciance font de sensibles écorchures
Lisette Delcambre
Lisette Delcambre
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Lisette Delcambre
Mer 16 Mar - 11:32
Les saisons se fanent au vibrato d'un soupir. J'expire ce soulagement dans cet état d'émergement, ce constat si saisissant qui marque nos sens lors d'un changement de décor. Je n'aurais jamais songé l'annonce possible, mais cette familiarité s'est mêlée aux jours jusqu'à en devenir oubliable, comme si ce qui avait été, ce passé récent, se distordait de sa notion temporelle pour rejoindre une époque hors d'atteinte. Il me semble avoir toujours été mêlée aux parois de la congrégation. La routine s'installe et me projette loin de ces jours, tantôt tendres, tantôt amers, sur le tracé d'un trou de vers. Maelström d'habitudes qui balaye de sa lassitude en rafales.

Peut-on encore parler de présent pour ces répétitions de journées infinies ? Mise en abîme surlignée par les insomnies ?

La fraction d'un rêve. C'est ce que paraissent avoir duré ces précieux moments que l'écoulement des sabliers rend plus chérissables. Comme ces vins se bonifiant en prenant de l'âge. La douceur ou l'acidité de ces arômes infusent les souvenirs dans le réservoir à fluide vital de ce palpitant.

En portraits griffonnés, dansent les formes de la mémoire. Certaines, quasi-iconiques, ne se désagrègent point.

Les faciès de mère et père conserveront toujours les traits que je leur ai emprunté, figés, immuablement, à la dernière œillade. Tel que si les années succédées depuis n'avaient eu aucune emprise, un peu de clémence envers leurs rides naissantes ou une légère commisération pour les sillons qui ont du corroder leurs orbes. La faute à cet arrachement caustique.

Il me revient en projection sur l'écran de mes réflexions cette souvenance de leur présence. De cet état de sécurité indestructible auquel je m'abandonnais insouciante et confiante.

Les mains de mon père m’agrippant par la taille avant de m'accrocher à ses épaules, de cette ébauche de vie où chaque broutille était un condensé d'apprentissage. Des lèvres de ma mère et de leur bénédiction aussi véhémente que notre Mère à tous, celle que décrivent ces missels, avant de joindre Morphée. De ces interdits de convenance bafouée, en tapinois, les nuits noires de cauchemars, où je quémandais un peu de leur affection.  

Qu'ils sont lointains ces rituels...

Il n'y a plus ces bras paternels pour me cercler de leur étreinte protectrice. Aucune bouche pour effleurer mon front, les nuits où l'abandon du corps me retient. Cette proximité que l'on notifie quand le manque s'en fait sentir.

Papa et Maman... C'est vers vous que mes prières s'envolent simultanément que sonnent nos complies. Je préfère vous les dédier, plutôt que de reposer mes incertitudes à un vieil homme que je ne connais ni d'Adam ni d’Ève mais dont il s'en revendique l'auteur.

Peut-être est-ce par dépendance subsistant dans mon essence de petite fille, mais je me surprends à guetter de vos similitudes dans la diversité des visages disposés en ronde dans mon nouvel entourage. Un sourire réconfortant. Une surveillance bienveillante...  

J'ai cet amour en carence, mal dans l'affection.

Je ne vous détrônerai jamais de cette place qui vous est légitime, dussé-je encore dans mon enfance vous porter à nue.

Mais je m’épanouis à la connexion de toutes ces âmes, les plus magnifiques jamais vues. Ils comblent mon bonheur et apportent de leur chaleur bouillante d'humanité, dans ces apostolats tortueux. Ils donnent une signification, celle que je cherchais en l'absence de repères, à cette existence neuve. Ils partagent des stigmates d'une peine universelle et pansent mes écorchures.

Je tourne, roule, dans cette ritournelle. Ils l'enjolivent à chaque battement.

Je culpabilise de chiner cette réjouissance loin de votre présence. Mais j'espère et garde même la foi de nos retrouvailles. Enfin pourrons-nous nous venger de ce que le temps nous a enlever... Un jour... Même le Tout-puissant dans son haut château à vapeur ne peut se douter de ô combien je vous aime.
Journal II
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Lisette Delcambre
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Mer 6 Avr - 13:00
C'est un éclat, une irruption à entrer avec fracas dans le quotidien. C'est un bouleversement, une secousse de gaieté à faire enfler la poitrine, comme un corps que l'on ranime. C'est également se donner la raison de lendemains tangibles, d'outrepasser les successions et répétitions de journées infinies. C'est émerger la conscience sensibilisée à l'appréciation d'une autre, à la beauté inouïe.

Ô Talie, que l'enfance regagne sa définition depuis notre rencontre.

Je n'aurais jamais cru possible la libération à toutes ces angoisses enfouies et découvrir qu'il existe un accès à l'épanouissement au travers un ou plusieurs Êtres est une réalité nouvelle, qui me surprend encore. 

Le présent s'allège de ses nuages de chaos lourds. Un peu d’espérance s'envole vers ce bonheur aérien, simple, à la portée de cette menue poigne désireuse de la saisir.  Parce que, le fait de connaître parmi ces vastes orchestrations de vie à fouler le sol, une vie similaire mais chérie, hautement admirée et estimée, comble d'une sciure doucereuse les parois creuses qui perforaient cette « routine » de batailles – comme s'il était possible de banaliser cette violence pour l'intégrer durablement dans un enchaînement d'avenirs envisageables.  

Talie. La découvrir m'aura aussi élancé dans ces longues fractions de méditations autrefois redoutées. Dans ces états de penser profonds que la solitude et sa peur supplantent. A ses sourires fragiles, ses larmes à briser mon âme, je me suis surprise d'une puissance inconnue, d'un désir de protection inexpérimenté. J'y tisse mon équilibre dans la relation de cette amitié saine, à l’ampleur commune. Car j'ai foi en son authenticité malgré nos distances. 

Peut-être est ce ça la réelle affection des personnes que l'on chérit ? Une confiance qui surmonte les longues phases d'absences sans doute d'altération présente ou future. 

Nous correspondons depuis peu et j'aime à constater l'impact de l'attachement humain. Même privé de contact sensitif, le lien semble se nouer ou se complexifier au fil qu'alignent nos mots – ou maux car ce son est tout aussi vrai pour nos douleurs pansées. Et qu'il est beau de couler l'encre comme la ferveur, l'espoir de se retrouver dans l’intervalle que le temps ampute à notre parole. 

Tout en parallèle, il me tarde de revoir son visage, son sourire, d'entendre sa voix, son rire. Il existe de ces nuances qui sont d'autant plus savourables et que l'écriture ne peut complètement nourrir. Même si je ne doute pas de sa capacité à retranscrire le réel autrement. 

J'ai trouvé une âme magnifique que pour rien au monde – celui que je cherche à défendre –  je ne voudrais voir détruite.
Journal III
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Lisette Delcambre
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